Vous venez de jeter un pot de yaourt, une barquette alimentaire ou un objet en plastique rigide, mais une question vous taraude : sera-t-il vraiment recyclé ? En réalité, à peine 3 % du polypropylène (PP), matériau couramment utilisé, est effectivement recyclé aujourd’hui (source : Cleantech).
Nous sommes plongés dans l’ère du plastocène, une époque où les montagnes de déchets plastiques s’amoncellent alors que ces matériaux pourraient avoir une seconde vie, ou même ne jamais être produits. Le véritable enjeu réside dans notre incapacité structurelle à sortir de la logique du jetable et à gérer efficacement le cycle de vie des produits au-delà de la poubelle.
Dans cet article, nous suivons le parcours du polypropylène après usage. Et parce que ce plastique est au cœur d’une pollution massive, celle des mégots de cigarette, dont le tube est enroulé de PP, nous verrons comment des solutions comme écomégot participent à une valorisation plus responsable des mégots.
💡 Ce qu’il faut retenir
Le polypropylène est un polymère thermoplastique, dérivé du pétrole, qui se distingue par ses propriétés très adaptées à notre consommation moderne : résistance aux chocs et à la chaleur, légèreté et inertie chimique qui le rendent idéal pour le contact alimentaire. Sa malléabilité en fait un matériau de choix pour de nombreux produits.
Notre quotidien est envahi par le polypropylène, sans que nous en ayons nécessairement conscience :
Lorsque vous achetez un produit alimentaire qui craint l’humidité (aliments périssables, liquide chaud), un film plastique se cache souvent entre le kraft et l’aliment : la fine couche de PP qui rend le tout imperméable et résistant aux variations de température.
Oui, le PP est recyclable (ou du moins en théorie) ! Il porte le symbole n°5 dans le triangle de recyclage.
Cependant, sa recyclabilité effective dépend de conditions très précises : la pureté du flux collecté, les infrastructures locales de tri et l’absence de contaminants qui pourraient dégrader la qualité de la matière recyclée.
Autre aspect gênant, sa résistance à la chaleur provoque des changements de nature, de composition lorsqu’on essaie de le faire fondre. Ce qui fait que sous beaucoup de ses applications dans l’industrie, le PP est recyclable, certes, mais impossible à recycler en l’état.
Le cas spécifique des mégots mérite une attention particulière. Si le filtre des cigarettes est principalement en acétate de cellulose, le manchon (l’embout) est très souvent en polypropylène. Ce petit déchet, en apparence anodin, représente une source majeure de pollution : un seul mégot peut contaminer jusqu’à 500 litres d’eau !
Afin de recycler le polypropylène, les étapes sont assez simples, mais cela ne concerne que le PP pur, qui n’est pas mélangé à d’autres particules, sinon les pertes sont trop importantes. Voici le procédé qui permet le mieux de valoriser le polypropylène pur.
Le processus de recyclage du polypropylène suit un parcours bien rodé :
Cette quatrième étape est optionnelle, car dans la majorité des cas, le polypropylène est trop mélangé à d’autres matériaux (par exemple yaourt, mégot), ce qui fait que seule sa combustion est une perspective pertinente pour le valoriser.
Comme on le voit, lorsqu’il est pur, le PP est facilement transformable en paillettes et remodelable en objets du quotidien. Pourtant, comme il est majoritairement présent sous forme panachée, le recyclage du PP n’est pas sans obstacles, surtout :
Lorsqu’il est sous une forme trop hétéroclite, la meilleure manière de le valoriser est de l’utiliser comme combustible pour l’industrie lourde.
Le mégot incarne parfaitement la complexité du recyclage du PP. Ce petit déchet combine deux plastiques (PP en bague du filtre et acétate pour le filtre lui-même) avec des milliers de substances toxiques, dont la nicotine, les métaux lourds, et les pesticides, qui le rendent particulièrement difficile à valoriser.
Le recyclage classique des mégots se heurte à des obstacles importants. Le lavage ou la dépollution nécessaire est difficile et coûteuse à traiter, pour un résultat souvent en demi teinte. Mais au-delà des aspects techniques, le recyclage de la matière première des mégots souffre de défauts structurels.
D’un point de vue économique, les coûts de traitement dépassent les 10 000 euros la tonne. Le filtre représentant 44% des composants d’un mégot, seul le reliquat de tabac et de papier part en valorisation énergétique. En moyenne, seulement 40 % du mégot est donc valorisable en matière.
L’impact environnemental est également questionnable : le processus consomme plus d’énergie qu’il n’en économise, avec un bilan carbone négatif dû aux transports vers des centres de traitement éloignés.
Face à ces limitations, écomégot a décidé de se tourner vers une approche résolument moderne : le Combustible Solide de Substitution (CSS). L’entreprise a toujours proposé 2 options : la valorisation matière et la valorisation énergétique en CSS. Mais nous avons décidé d’accentuer l’utilisation des mégots (PP compris) comme combustible. Le CSS créé est une ressource alternative, issue de déchets à fort pouvoir calorifique, qui remplace le charbon ou le coke de pétrole dans les cimenteries.
Comment se déroule la transformation des mégots en CSS ? Après la collecte et le stockage dans des fûts homologués, les mégots sont ensuite broyer. Grâce au broyage 100 % du mégot est valorisé. Vient ensuite le criblage pour homogénéiser la granulométrie. Enfin, le conditionnement final donne des granulés ou de la poudre prête à faire tourner des cimenteries !
La valorisation énergétique est une avancée majeure par rapport aux modèles qui consistait à transformer la matière en plaques de plastique : les mégots suivent un cycle de vie plus local, plus pertinent et moins coûteux sur toute la ligne. Les avantages sont nombreux :
Ainsi, contrairement au recyclage matière qui génère plus de CO₂ qu’il n’en évite, le CSS offre une solution circulaire et mesurable, avec une traçabilité garantie via Trackdéchets.
En France, la valorisation des déchets est encore en voie d’amélioration : seulement 26 % des déchets plastiques sont recyclés, 43 % partent à la valorisation énergétique, et 32 % sont enfouis dans des décharges (Source Paprec).
Keenat est un éco-organisme de recyclage agréé qui veut changer la donne à la hauteur de ses capacités : à un niveau local, nous développons des solutions de tri, de recyclage et de valorisation des déchets toujours plus innovants.
Nous accompagnons également le changement dans les entreprises ou administrations, avec des campagnes et des ateliers de sensibilisation pour une gestion des déchets toujours plus intelligente.
| Thème | Points Clés |
|---|---|
| Le Polypropylène (PP) | – Omniprésence : utilisé partout (emballages alimentaires, automobile, textile, jouets). – Propriétés : résistant à la chaleur, léger, idéal pour le contact alimentaire. – Problème majeur : à peine 3% du PP est réellement recyclé aujourd’hui. |
| Le recyclage du PP | – Processus « idéal » (pour le PP pur) : collecte, tri, broyage, lavage, et régénération en granulés (rPP). – Défis et réalité : le PP est souvent mélangé à d’autres matériaux (additifs, résidus toxiques), ce qui rend le lavage coûteux et complexe. – Solution pour le PP impur : la valorisation énergétique (combustion) est souvent la seule option pertinente. |
| Cas d’étude : le mégot de cigarette | – Composition complexe : contient du PP, de l’acétate, et des milliers de substances toxiques. – Limites du recyclage « matière » : ∙ Coût prohibitif : plus de 10 000 € la tonne. ∙ Faible rendement : seulement 40% du mégot est valorisable en matière. ∙ Bilan carbone négatif : le processus consomme plus d’énergie qu’il n’en sauve. |
| La solution écomégot by Keenat | – Approche : se concentrer sur la valorisation énergétique. – Méthode : transformer 100% du mégot en Combustible Solide de Substitution (CSS) pour alimenter les cimenteries. – Processus : collecte, broyage complet du mégot, criblage et conditionnement. |
| Avantages de la solution CSS | – Écologique : réduit les émissions de CO₂ grâce à un circuit court (< 300 km), conforme à la loi AGEC. – Énergétique : crée une ressource alternative aux énergies fossiles (charbon, coke). – Traçabilité et conformité : filière normée (NF EN 15359) et traçable via Trackdéchets. |
| Contexte en France | – Chiffres clés : seulement 26% des déchets plastiques sont recyclés, 43% partent en valorisation énergétique et 32% sont enfouis. |
Article rédigé par : Sandrine Poilpré
Les polymères présentent des caractéristiques techniques déterminant leurs applications et leur recyclabilité :
Concernant le recyclage, le PP et le PET sont largement recyclés en nouveaux articles, tandis que le PVC pose des défis techniques en raison des additifs chlorés.
Les mégots combinent du plastique non biodégradable (PP et acétate) avec des milliers de substances chimiques (nicotine, métaux lourds, pesticides) qui peuvent contaminer jusqu’à 500 litres d’eau par mégot et mettre plus de 10 ans à se dégrader.
Deux voies principales existent : le recyclage matière traditionnel (coûteux, énergivore et partiel) et la valorisation énergétique en CSS (solution innovante, économique et 100 % vertueuse qui transforme les mégots en combustible propre pour cimenteries).
Absolument. Le CSS offre une valorisation à 100 % contre 50 %, en moyenne, pour le recyclage, un bilan carbone positif, zéro pollution de l’eau, et respecte la loi AGEC avec une traçabilité complète. C’est la solution la plus mature et cohérente disponible aujourd’hui.
La recherche scientifique et les centres techniques travaillent sur l’optimisation des procédés de tri par densité, le développement de polymères biosourcés et l’amélioration des techniques de purification. Ces avancées permettent d’augmenter la qualité des matériaux recyclés et leur utilisation dans de nouvelles applications industrielles exigeantes.
Source des chiffres Why is Polypropylene (PP) So Difficult to Recycle? | Cleantech Group : Recyclage des déchets plastiques : tout comprendre | Paprec