Filtres de cigarettes biodégradables : une fausse bonne idée ?

Chaque année, des milliards de cigarettes sont consommées à travers le monde, laissant derrière elles une empreinte environnementale désastreuse. En plus des ravages sanitaires causés par le tabac, les mégots, souvent négligés, figurent parmi les principaux déchets polluants de notre époque. La majorité d’entre eux contiennent un filtre, une invention initialement perçue comme un progrès sanitaire, mais qui s’avère être une source majeure de microplastiques et de substances toxiques.

Face à cette problématique, les industriels du tabac ont introduit des filtres dits “biodégradables”, présentés comme une alternative écologique. Mais ces solutions, loin d’être la panacée promise, s’accompagnent de nombreuses limites.

Les filtres de cigarettes : entre illusion et pollution

À quoi sert vraiment le filtre d’une cigarette ?

Tout le monde croit que les filtres de cigarettes sont conçus pour atténuer les effets nocifs du tabac sur la santé. Pourtant, ce n’est pas le cas ! Leur fonction principale est d’adoucir le goût fort du tabac, afin de rendre l’acte de fumer plus agréable, mais sans filtrer les produits nocifs.

Développés dans les années 1930 aux États-Unis, les filtres avaient pour première mission d’empêcher aux filaments de tabac de s’immiscer dans la bouche du fumeur. Motivés par la volonté de vendre de plus en plus de tabac, les industriels faisaient passer la cigarette comme moins nocive, à grand renfort de publicités à la Mad Men. 

Grâce à ce matraquage marketing, la fausse croyance s’est répandue que le filtre rend la cigarette plus saine. C’est faux ! Il n’empêche pas les produits toxiques issus de la combustion de pénétrer dans les voies respiratoires du fumeur.

Le filtre, une illusion sanitaire

Les filtres n’ont jamais eu de réels bénéfices sanitaires. Au contraire, en atténuant le goût âcre, ils renforcent une fausse impression de sécurité chez les fumeurs, les incitant parfois à consommer davantage. Il existe même un type de cancer respiratoire spécialement lié aux filtres de cigarette et aux déchets qu’ils transportent. (Les filtres à cigarette font plus de mal que de bien – Source : Dailyscience.be)

Pourquoi les filtres de cigarettes sont si polluants ?

Une double pollution : plastique et chimique

Les filtres de cigarettes représentent une véritable bombe écologique. Fabriqués à partir d’acétate de cellulose, un matériau obtenu par modification chimique de la cellulose, ils contiennent également du dioxyde de titane, une substance toxique, et sont compactés avec de la triacétine, un plastifiant irritant. De plus, l’enveloppe du filtre est collée avec une émulsion d’acétate de polyvinyle, augmentant encore la charge chimique de ce déchet.

Impact sur les écosystèmes marins et terrestres

En France, 23 milliards de mégots sont abandonnés chaque année dans la nature, soit près de 1 000 par seconde. Ce déchet plastique est le deuxième le plus retrouvé sur les plages, selon Ville Libre Sans Tabac (Filtre de cigarette, un danger environnemental et sanitaire).

La décomposition du mégot libère des substances hautement polluantes comme le cadmium, l’arsenic et le plomb, qui contaminent les sols et les eaux. Selon l’ADEME, un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau potable. Ces substances toxiques contribuent également à l’acidification des océans, mettant en péril la biodiversité marine et impactant gravement les écosystèmes aquatiques et terrestres. Par exemple, certains métaux lourds et résidus toxiques affectent les poissons, les oiseaux et même les organismes microscopiques, perturbant ainsi toute la chaîne alimentaire.

Filtre biodégradable, une arnaque ou pas ?

“Non blanchi”, “naturel” : le mensonge des grandes marques de tabac

Les filtres dits biodégradables sont vendus en tant qu’articles de qualité, en stick dans les étuis, en sachets ou bien même en tube et feuilles de papier pré-roulés. De couleur marron (“brown” en anglais), l’aspect carton ou bio de ces filtres est tout à fait troublant.. étant donné que c’est toujours du plastique. 

Les grandes marques de produits liés au tabac (Rizla, OCB, Gizeh) présentent souvent leurs filtres comme “biodégradables”, jouant sur l’aspect naturel de certaines couleurs ou matières. Cependant, ces filtres, bien que parfois non blanchis, sont toujours majoritairement composés d’acétate de cellulose, un dérivé du plastique en réalité non biodégradable. Les mégots ainsi “éco-conçus” finissent par se fragmenter en microplastiques. 

Enfin, il faut noter que la fabrication de tels filtres, proposés à petit prix, en achat libre et livraison partout dans le monde, parvient souvent à échapper aux normes européennes, avec une dénomination trompeuse qui fausse l’avis des clients.

Y a-t-il des filtres véritablement biodégradables ?

Certains filtres écologiques, fabriqués à partir de fibres naturelles végétales (bambou par exemple) ou de charbon, sont disponibles sur le marché ou dans des boutiques spécialisées. On peut aussi trouver des filtres sous forme de cônes, roulés avec des feuilles slim réservées au CBD ou substituts de tabac. Bien qu’ils soient moins polluants, ils restent marginaux et peu adoptés par les consommateurs.

Cependant, ces solutions ne résolvent pas le problème principal : le prix environnemental et sanitaire global du tabac. Même avec des filtres écologiques, les mégots restent un déchet difficile à gérer, et la consommation de tabac continue de générer des effets nocifs sur la santé publique.

filtre de cigarette biodegradables

Des solutions pour un tabagisme plus responsable

Réduire la consommation et sensibiliser à la pollution

La meilleure solution reste d’arrêter de fumer. Une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique qu’arrêter de fumer pourrait prévenir 8 millions de décès par an dans le monde. Les campagnes de sensibilisation sur les dangers du tabac et les avantages économiques d’arrêter peuvent aider les fumeurs à changer leurs comportements

Recycler les mégots pour l’environnement

Des projets innovants comme celui d’écomégot en France s’attaquent à un problème souvent sous-estimé : le recyclage des mégots. Notre entreprise sociale collecte et valorise ces déchets grâce à un processus unique. 

Après collecte par des entreprises spécialisées, les mégots sont transformés en produits industriels comme des isolants, réduisant ainsi leur impact environnemental. L’installation de cendriers dans des lieux stratégiques (plages, centres-villes, entreprises) démontre qu’il est possible de gérer de manière responsable ces déchets toxiques. 

Depuis le début de son activité, écomégot a réussi à collecter plus de 60 millions de mégots, qui auraient sinon terminé dans les océans ou les décharges. C’est donc 12 000 piscines olympiques, soit 30 000 000 000 litres d’eau, qui ont été préservés de cette pollution !

Promouvoir des substituts vraiment naturels

Les filtres à base de cire d’abeille (bloomer), de charbon ou de fibres naturelles, associés à un tabac sans additifs, peuvent constituer une alternative moins nocive pour l’environnement. Choisir un fabriqué en fibres naturelles végétales peut aussi être une bonne idée, à condition de ne pas aspirer trop de fumée de tabac, pour éviter d’avoir la gorge brûlée. Enfin, les cigarettes à base de mélanges de plantes comme l’ortie ou la feuille de framboisier offrent une expérience sans nicotine et moins polluante. 

Cependant les substituts du tabac, même sans additifs ni nicotine, restent mauvais pour la santé, notamment pour le système respiratoire et cardio-vasculaire.

Mettre en place des cendriers de collecte

Installer des cendriers dans les lieux publics et les espaces naturels est essentiel pour limiter les déchets sauvages. Certaines villes comme Paris ont déjà adopté des mesures pour collecter et recycler les mégots.


Écomégot propose une gamme de cendriers éco-conçus et fabriqués en France, adaptés aux besoins des collectivités, des entreprises et des particuliers :

  • Pour les espaces publics et professionnels, écomégot offre des cendriers extérieurs robustes, résistants aux intempéries et sécurisés, disponibles en versions murales ou sur pied, facilitant ainsi la collecte des mégots tout en s’intégrant harmonieusement dans l’environnement. Ces cendriers sont conçus pour être visibles de loin, encourageant ainsi leur utilisation par les fumeurs ;
  • Pour les particuliers, écomégot propose des cendriers de poche pratiques et réutilisables, permettant de stocker les mégots en toutes circonstances et d’éviter qu’ils ne soient jetés au sol. Une fois remplis, ces cendriers de poche peuvent être vidés dans des points de collecte dédiés, assurant ainsi un recyclage approprié des mégots. 

En adoptant ces solutions, les collectivités, entreprises et particuliers contribuent activement à la réduction de la pollution liée aux mégots de cigarette et participent à une démarche écologique responsable.

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