Chaque année, près de 200 000 hectares de forêts disparaîtraient à cause de la production de tabac selon le rapport de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) Tabacco : poisoning our planet publié en 2022. Véritable fléau pour la santé des consommateurs, le tabac et sa production sont également responsables d’une déforestation mondiale massive, menaçant ainsi les écosystèmes et accélérant le réchauffement climatique.
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Pour être cultivés, les plants de tabac nécessitent de larges étendues agricoles. Pour trouver cet espace nécessaire, les agriculteurs sont ainsi contraints de défricher de nouveaux terrains et d’ainsi étendre leurs cultures sur les forêts situées aux abords des plantations.
De plus, l’industrie du tabac est liée à une vaste consommation d’engrais chimiques : il s’agit de la 6ème industrie agricole la plus utilisatrice de pesticides. Alors que les ressources contenues dans les sols s’amenuisent au fur et à mesure des saisons de cultures et en raison de l’utilisation intensive d’intrants, les agriculteurs doivent déplacer leurs cultures sur des sols fertiles, et s’élargir ainsi vers les forêts avoisinantes.
Par ailleurs, les feuilles de tabac doivent être séchées après leur récolte : une technique qui implique la diffusion d’air chaud au-dessus de ces dernières. L’énergie nécessaire à la production d’air chaud est produite à partir de la combustion des arbres, pour faire sécher un kilo de tabac, huit kilos de bois doivent être brûlés.
Source : cnct.fr : la culture du tabac est liee a une consommation elevee de pesticides
Saviez-vous que près de 90 % des cultures de tabac sont installées dans des pays en développement ? D’après l’OMS, les terres consacrées à la culture du tabac ont augmenté de près de 20% en Afrique depuis 2005, une extension des cultures faite au détriment des terres agricoles. Cette déforestation augmente ainsi l’insécurité alimentaire et la difficulté d’accessibilité à l’eau potable, dans des pays déjà menacés par des famines et des risques de pénuries.
La déforestation induite par la production de tabac provoque en outre des destructions irréversibles sur la faune et la flore peuplant les zones forestières : on estime que les forêts abritent à elles seules 80 % de la biodiversité mondiale. D’après l’IPBES (Plateforme Intergouvernementale Scientifique et Politique sur la Biodiversité et les services Écosystémiques), près d’un million d’espèces animales et végétales seraient menacées d’extinction au cours des prochaines décennies, et ce notamment à cause de la déforestation.
Chaque année, 600 millions d’arbres seraient ainsi détruits par l’industrie du tabac, soit près de 5 % de la déforestation annuelle. On estime de plus qu’un arbre est nécessaire pour la production de 300 cigarettes, ce qui représente une cartouche et demie.
Les forêts sont le deuxième plus grand puits de carbone derrière les océans : elles absorbent le CO2 présent dans l’air, l’un des principaux gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique.
En moyenne, en une année, un seul arbre absorbe 35 kg de CO2 puis le stocke durant 50 à 100 ans. Les forêts mondiales absorbent quant à elles 7,6 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par an.
Cependant, lorsque les forêts sont détruites, le carbone emprisonné par les arbres se libère dans l’atmosphère : selon l’association Cœur de forêt, 20% des émissions de gaz à effet de serre relatives aux activités humaines seraient provoquées par la déforestation. De plus, le phénomène de libération du carbone est amplifié lorsque les forêts sont défrichées par le feu, un procédé pourtant très utilisé dans les productions agricoles de tabac.
Selon un article paru dans Les Échos (rubrique « Monde »), l’Amazonie brésilienne, poumon vert de la planète, a rejeté 20 % plus de CO2 qu’elle n’en a emprisonné entre 2010 et 2019. À cause de la déforestation, le rapport en absorption et rejet de dioxyde de carbone s’est déséquilibré et la forêt devient elle-même émettrice de CO2, accélérant ainsi le réchauffement climatique.
D’après le scientifique Marijn Bauters, la déforestation au profit de cultures agricoles a ainsi des conséquences néfastes doubles sur le dérèglement climatique : « Premièrement, parce que l’arbre qui a converti le CO2 en oxygène a disparu. Deuxièmement, parce que le sol perd du carbone séculaire lorsque l’utilisation des sols passe de la forêt à l’agriculture. »
Enfin, selon le CNCT (Comité National Contre le Tabagisme), l’industrie du tabac serait responsable de 0,2 % du réchauffement climatique, l’équivalent des émissions en dioxyde de carbone de la Belgique et un pourcentage largement accentué par la déforestation engendrée par cette industrie.
Alors que les pays membres de l’Union européenne se sont fixés l’objectif d’une neutralité carbone à l’horizon 2025, il est nécessaire que les entreprises de l’industrie du tabac se responsabilisent et agissent !
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