Le tabac, une plante exigeante qui nécessite de nombreux pesticides 

La culture du tabac est étroitement liée à une utilisation massive de pesticides. Il s’agit par ailleurs de la sixième culture la plus consommatrice d’engrais et d’insecticides chimiques au monde selon l’infographie de Demain sera non-fumeur. Alors qu’aucun doute ne subsiste quant à la toxicité de sa fumée et de ses mégots, la cigarette est également nocive pour la biodiversité dès la plantation du tabac. 

Écomégot lève le voile sur les causes et les conséquences de l’utilisation intensive de pesticides dans la culture du tabac.

Le tabac, sixième culture la plus consommatrice de pesticides

La culture du tabac est une grande consommatrice d’engrais de synthèse, avec plus de 185 000 tonnes de pesticides déversées chaque année sur les sols parmi lesquelles des insecticides, des herbicides, des fongicides, des fumigants ou des régulateurs de croissance. 

Le tabac est une plante exigeante qui absorbe en quantité importante les nutriments renfermés dans les sols. À titre de comparaison avec le maïs, les plants de tabac absorbent 2,5 fois plus d’azote, 7 fois plus de phosphore et 8 fois plus de potassium. 

Ainsi, après un cycle de culture, les ressources des sols sont appauvries et un temps de jachère ou une rotation des cultures sont nécessaires à leur renouvellement. Toutefois, l’industrie du tabac est monoculture, entraînant ainsi l’appauvrissement de la terre et rendant l’utilisation de pesticides nécessaire : un cercle vicieux qui n’est donc pas viable sur le long terme. 

Pesticides tabac

Des pesticides dangereux utilisés pour la culture du tabac

Quels pesticides sont utilisés dans la culture du tabac ?

Pour faire pousser les plants de tabac, jusqu’à 150 différents pesticides sont mobilisés. Parmi les engrais chimiques utilisés par l’industrie du tabac, une large proportion est répertoriée comme des polluants de l’air et des déchets dangereux ou nocifs pour la santé tels que : 

  • l’aldicarbe un insecticide très toxique au contact de la peau ; 
  • le DTT, un puissant insecticide classé cancérigène probable, interdit en Europe
  • le chlorpyrifos, un nématicides ou anti-parasites considéré comme un neurotoxique et un perturbateur endocrinien, interdit dans huit pays européens
  • le bromure de méthyle, un phytosanitaire fongicide destructeur pour la couche d’ozone
  • des néonicotinoïdes, des dérivés de la nicotine bannis en France ;
  • l’imidacloprid, un insecticide considéré comme un “tueur d’abeilles”, et bien d’autres encore.

Les conséquences de l’utilisation de pesticides sur les agriculteurs

Les cultivateurs de tabac sont les premiers touchés par la toxicité des engrais chimiques utilisés. Plus encore, les agriculteurs sont également susceptibles de contracter la maladie du tabac vert, causée par l’absorption cutanée de nicotine lors de la manipulation des feuilles de tabac humides. Cette maladie entraîne des étourdissements, des malaises, des vomissements, des maux de tête ou encore une faiblesse sévère, ainsi qu’une fluctuation de la tension artérielle ou de la fréquence cardiaque. 

Par ailleurs, le travail infantile est très largement démocratisé dans les plantations de tabac : on estime qu’à travers le monde 1,3 million d’enfants travaillent dans des productions de tabac. Ils sont ainsi assujettis aux risques sanitaires liés à l’utilisation et à la manipulation des pesticides de synthèse et s’exposent à un fort risque de développer des cancers, de souffrir d’infertilité ou de dysfonctionnement du système nerveux, neurologique et immunitaire.

Quelles conséquences pour la biodiversité ?

L’utilisation intensive d’engrais a par ailleurs de lourdes conséquences sur la biodiversité, détruisant les sols, les ressources en eau, la faune et la flore.

L’appauvrissement des sols

À force de déversements répétés d’engrais extrêmement toxiques, les sols sont fortement appauvris et les agriculteurs doivent déplacer leurs zones de culture. Alors que, selon l’OMS, 90 % des cultures de tabac sont implantées dans des pays en développement sévèrement touchés par des risques de pénuries alimentaires et de dénutrition comme l’Inde, le Brésil, le Zimbabwe ou l’Indonésie, les cultures de tabac s’étendent sur les terres agricoles, augmentant ainsi les risques d’insécurité alimentaire. 

Par ailleurs, en raison d’une baisse considérable de la fertilité des sols, elles gagnent aussi du terrain sur les forêts avoisinantes : on estime que l’industrie du tabac est responsable de 5 % de la déforestation mondiale, menaçant ainsi tous les écosystèmes et accélérant le phénomène de réchauffement climatique.

Menace des réserves hydriques

Dans des pays en développement où l’eau potable reste encore souvent difficile d’accès, la culture du tabac augmente également les risques de pénuries en eau et creuse les inégalités avec les pays développés. Si cette plante nécessite des quantités d’eau importantes pour pousser, l’équivalent de 7,5 millions de piscines olympiques par an, les pesticides qu’elle utilise contaminent également les nappes phréatiques et les rivières environnantes

Disparition de la faune locale

L’utilisation intensive de pesticides conduit également à la disparition de nombreux animaux, insectes et pollinisateurs présents autour des cultures de tabac ainsi que des espèces aquatiques peuplant les rivières avoisinantes. 

Plus encore, le recours aux engrais et aux insecticides peut conduire à une sélection génétique de moustiques et de mouches, désormais plus résistants aux pesticides, ce qui rend ainsi la lutte contre le paludisme, la dengue, le chikungunya et autres maladies virales et parasitaires qu’ils transmettent plus complexe.

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