Le ministère de la Transition écologique estime que 20 000 à 25 000 tonnes de mégots sont jetées chaque année en France. Toutefois, jeter un mégot sur la voie publique est un geste anodin aux conséquences désastreuses durables.
Ces petits déchets sont constitués de substances chimiques toxiques qui se diffusent dans les écosystèmes pour les contaminer sur le long terme. Leur temps de dégradation étant évalué à plus de 10 ans, éradiquer leur présence est un défi environnemental majeur. Pour le relever, les municipalités doivent profiter de l’essor des solutions de valorisation pour conjuguer obligations légales, innovations et actions citoyennes.
Entre obligations et solutions, Keenat, acteur de la valorisation des déchets, décrypte pour vous le rôle de la collectivité dans la lutte contre la pollution des mégots en ville.
💡 À retenir :
Acétates de cellulose, additifs et métaux lourds : la composition d’un mégot de cigarette présente une toxicité importante pour l’environnement. Comme si ce n’était pas suffisant, il absorbe et diffuse une bonne partie des substances contenues dans la cigarette elle-même : nicotine, goudron, arsenic, benzène.
Au niveau de l’environnement, il pollue les sols, les réseaux d’eaux pluviales et les cours d’eau. Il nuit également aux animaux et à la biodiversité en général.
Manque de cendriers, comportement ancré, la plupart des fumeurs ne se préoccupent pas vraiment du sort de leurs résidus de cigarette. Le mégot est un tout petit déchet, le jeter est un geste tellement banal qu’au final, ce sont des millions de petits résidus de cigarettes qui sont abandonnés sur la voie publique chaque jour.
Rues commerçantes, terrasses des cafés, arrêts de transports en commun et jardins publics, aucune zone urbaine n’échappe à la prolifération des mégots.
La loi AGEC de 2020 responsabilise les producteurs de tabac quant à la pollution occasionnée par les cigarettes jetées dans l’espace public. Ils doivent prendre financièrement en charge leur collecte, leur valorisation et la sensibilisation des consommateurs sur le sujet.
De manière générale, les agglomérations ont l’obligation d’entretenir la propreté urbaine. Ainsi, la problématique des mégots est intégrée dans les politiques locales de gestion des déchets.
De plus en plus de communes prennent des arrêtés municipaux pour lutter contre la prolifération des divers rebuts dans l’espace public :
Dans le cadre de la REP, elles effectuent un reporting auprès de l’éco-organisme Alcome.
Les contrevenants justifient souvent leur geste par l’absence d’un cendrier à proximité. Les villes doivent équiper l’espace public, en quantité suffisante. Une signalétique adaptée les rend visibles et accessibles.
Les lieux accueillant du public, non-fumeurs, ont également l’obligation d’installer des collecteurs à l’entrée de leurs locaux ou dans leurs extérieurs s’ils sont également accessibles au public.
Dans le cadre de la REP, la collectivité bénéficie d’une prise en charge financière de sa politique de récupération des mégots. Pour cela, elle signe un contrat avec l’éco-organisme agréé par la filière tabac.
Les communes disposent de plusieurs leviers pour éviter qu’un mégot ne se retrouve sur la voie publique :
Éco-conception de l’espace public pour guider les flux et empêcher la dispersion.
Les villes soutiennent les entreprises qui mettent des collecteurs à disposition de leurs clients. Certaines accompagnent les commerçants avec des dotations de cendriers ou des subventions.
Bon à savoir : les efforts d’une collectivité comme d’une entreprise peuvent être récompensés par le label espace “zéro mégot”, vecteur d’une image très positive auprès des usagers.
La collecte de mégots consiste à vider les cendriers de la ville et les points de récupération privés. Elle est organisée par les services techniques ou par des partenaires externes, des structures de l’insertion et du handicap.
Au-delà de son bénéfice écologique, cette approche est également génératrice d’un fort impact social. En confiant cette mission à des acteurs de l’économie sociale et solidaire, la collecte de mégots devient un levier pour l’emploi local et l’inclusion. En 2025, par exemple, cette activité a représenté plus de 25 000 heures de travail, offrant ainsi des opportunités concrètes à des personnes en parcours d’insertion ou en situation de handicap.
Les mégots collectés sont acheminés vers des centres spécialisés pour y être triés et valorisés.
La pollution relève de l’engagement de tous. Il est nécessaire de responsabiliser les fumeurs en leur apportant des réponses pratiques. De nombreuses campagnes de communication locales et nationales informent sur les impacts environnementaux.
Certaines villes et associations organisent des ateliers, des animations et des actions coup de poing pour mobiliser l’opinion publique à la cause. L’exemple avec la ville de Marseille qui a mis en place une action de sensibilisation d’ampleur, auprès de ses citoyens et des touristes.
L’intérêt est de présenter des résultats concrets pour encourager l’adhésion des citoyens.
| Thématique | Acteur/Sujet | Constat / Obligation | Solutions / Actions Mises en Place |
|---|---|---|---|
| Le Problème | Le Mégot | – Toxicité : Contient plus de 4 000 substances chimiques. Un seul mégot pollue 500L d’eau. – Prolifération : 20 000 à 25 000 tonnes jetées par an en France. – Dégradation : met plus de 10 ans à se dégrader. | |
| Cadre Légal | Producteurs de Tabac | Responsabilité Élargie du Producteur (REP) : doivent financer la collecte, la valorisation et la sensibilisation. | Financement d’éco-organismes agréés pour aider les communes. |
| Collectivités / Villes | – Propreté urbaine : obligation d’entretenir la propreté de l’espace public. – Équipement : devoir d’installer des cendriers et collecteurs en nombre suffisant. | – Prise d’arrêtés municipaux (amendes, interdictions). – Création de zones non-fumeurs. | |
| Citoyens / Fumeurs | Interdiction de jeter un mégot sur la voie publique (dépôt sauvage de déchet). | Sanction : amende forfaitaire de 135 €. | |
| Solutions | Aménagement Public | Guider les comportements et faciliter la collecte. | – Installation de collecteurs et cendriers (ludiques, design). – Création de zones fumeurs dédiées. – Éco-conception de l’espace public. |
| Initiatives Privées | Impliquer les entreprises et commerçants dans la démarche. | – Soutien aux entreprises qui installent des collecteurs. – Subventions ou dotations de cendriers aux commerçants. – Attribution du label « espace zéro mégot ». | |
| Collecte & Valorisation | Organiser le ramassage et le traitement des mégots collectés. | – Organisation de la collecte par les services techniques ou des partenaires, structures de l’insertion. – Valorisation via des centres spécialisés (transformation des mégots en Combustible Solide de Substitution). | |
| Sensibilisation | Responsabiliser les fumeurs et mobiliser l’opinion publique. | – Campagnes de communication locales et nationales. – Ateliers, animations et actions de ramassage citoyen. |
Le mégot de cigarette n’est pas biodégradable et contient plus de 4 000 substances chimiques toxiques. Un seul mégot peut contaminer jusqu’à 500 litres d’eau. Son temps de dégradation se situe entre 10 et 15 ans.
La pollution des mégots impacte fortement l’environnement, les océans et les poissons, le sol, la terre, la nature et la planète en général. Elle a aussi un impact financier dû aux coûts de dépollution importants et un impact visuel en dégradant le cadre de vie et l’image de la ville.
Bien qu’il soit difficile de les compter précisément, leur nombre est estimé entre 20 et 30 milliards.
Oui. La réglementation impose à la collectivité de mettre en œuvre des actions de prévention et de collecte sélective.
Instaurée par la loi AGEC de 2020, la REP transfère aux producteurs de tabac la responsabilité de la fin de vie des produits, y compris la sensibilisation, le ramassage et le traitement. Ils financent des éco-organismes agréés qui aident les communes à respecter leurs obligations.
Oui. Cet acte est considéré comme une contravention de 3e classe pour dépôt sauvage de déchet. Vous encourez une amende forfaitaire de 135 €, minorée à 90 € pour un acquittement rapide et majorée à 375 € pour un retard.