Si fumer nuit à la santé des consommateurs, saviez-vous que l’industrie du tabac nuit gravement à la biodiversité ? Dans un rapport de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) publié en mai 2022, les chercheurs ont retracé le parcours d’une cigarette, de la culture du tabac dans un champ jusqu’au déchet du mégot. Les scientifiques y lancent un appel à la responsabilisation des entreprises de l’industrie du tabac au regard des destructions irréversibles qu’elles causent sur l’eau, la faune, la flore, ou encore la qualité de l’air.
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Le tabac absorbe en quantité importante les nutriments présents dans la terre, ce qui amenuise les ressources que renferment les sols et les rend infertiles. Pour pallier l’appauvrissement de la terre, le recours aux engrais chimiques s’est largement démocratisé dans la culture du tabac. L’industrie du tabac est la 6ème industrie agricole utilisatrice de pesticides par surface exploitée. Ces engrais s’infiltrent dans les sols et les nappes phréatiques, dégradant ainsi la qualité de l’eau des populations locales.
Par ailleurs, le cadre législatif des pays en voie de développement, dans lesquels sont installées près de 90 % des cultures de tabac, est moins rigide. Les agriculteurs sont ainsi libres d’utiliser des engrais, pourtant interdits en Europe du fait de leur toxicité sur l’homme et la biodiversité.
Source : CNCT (Centre National Contre le Tabagisme)
Chaque année, l’industrie du tabac est responsable de la déforestation de 600 millions d’arbres et de 200 000 hectares de terres forestières, menaçant ainsi la faune et la flore locales.
En effet, en raison de l’amenuisement des ressources contenues dans les sols, les cultures du tabac requièrent un espace toujours plus important et s’étendent progressivement vers les forêts environnantes et les plantations.
Le séchage du tabac est également responsable de cette déforestation de masse, ce procédé requérant une diffusion d’air chaud sur les feuilles : une énergie issue de la combustion d’arbres dans la majorité des productions.
D’après le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD), les cigarettes, de la culture du tabac jusqu’à leur transformation puis leur transport par voie aérienne ou maritime, sont responsables chaque année de 84 millions de tonnes d’émissions de CO2, soit 14 grammes pour une seule cigarette.
La production de cigarette est par ailleurs réputée très gourmande en énergie fossile, avec une consommation annuelle de 21 millions de tonnes de pétrole.
La production de cigarette participe ainsi activement à la dégradation de la qualité de l’air et au dérèglement climatique qui s’ensuit.
Source : Revue Médicale Suisse
La culture du tabac génère de nombreux déchets tels que des rebuts agricoles et phytosanitaires, des solvants, du bois, du papier, du plastique ou encore des emballages. La Revue Médicale Suisse estime la production de déchets annuelle de l’industrie du tabac à 24 millions de tonnes de déchets solides, dont 19 millions provenant directement des cultures. Or, la gestion de ces déchets toxiques est complexe et demande des infrastructures coûteuses, dont les pays producteurs de tabac ne sont pas toujours équipés.
D’après le rapport de l’OMS, la fumée d’une cigarette produirait “une pollution par particule fine plus élevée que les gaz d’échappement des moteurs diesels”. La fumée de cigarette émet en effet 7000 substances toxiques et trois gaz à effet de serre, du CO2, du méthane et de l’oxyde nitreux : des molécules néfastes pour la biodiversité et qui polluent l’environnement des fumeurs et de leurs proches, communément appelés les fumeurs passifs.
Par ailleurs, une fois consommée, la cigarette se transforme en un redoutable déchet polluant : le mégot. Dans le monde, un tiers des mégots de cigarette sont jetés dans la nature, une pollution dévastatrice pour l’eau et la biodiversité. En effet, outre les milliers de composants toxiques qui les composent tels que le plomb, le mercure ou la nicotine, les mégots et leurs filtres sont constitués de microplastiques qui ne se dégradent jamais totalement et laissent une empreinte persistante dans l’environnement dans lequel ils sont abandonnés.
Le mégot de cigarette est la principale source de pollution des océans : à lui seul, il peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau, créant ainsi une menace réelle pour les réserves en eau douce et les écosystèmes marins.
Enfin, les substances toxiques contenues dans les mégots de cigarette, notamment la nicotine utilisée comme insecticide en agriculture, contaminent les sols, menaçant ainsi leur fertilité et nuisant à la bonne croissance des plantes.
En France, entre 20 000 et 25 000 tonnes de mégots de cigarette sont jetés chaque année : une quantité de déchets non négligeable, dont une large proportion est directement jetée dans la nature.
Le coût de gestion des déchets produits par les cigarettes est par ailleurs assumé par les pays qui n’appliquent pas le principe du pollueur-payeur à l’instar de la France. D’après le rapport de l’OMS, les coûts annuels de traitement des déchets sont estimés à 26 milliards de dollars en Chine, 766 millions de dollars en Inde et 200 millions de dollars en Allemagne.
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