Recycler les matériaux, optimiser le tri et la collecte, réduire la quantité de déchets enfouis ou incinérés… depuis quelques années la question de la valorisation des déchets plastiques est devenue centrale. D’après le ministère de l’Environnement, le plastique est encore très peu recyclé : sur les 29 millions de tonnes de déchets plastiques recueillis en Europe, seul un tiers est recyclé, tandis qu’à l’échelle mondiale, ce taux n’atteint que 15 %.
Le mégot de cigarette, qui est le déchet le plus jeté dans la nature, est aussi concerné par la valorisation des déchets plastiques. En effet, l’acétate de cellulose qui compose le filtre peut être transformé en un nouveau matériau plastique.
Or, des recherches récentes ont permis de démontrer des propriétés étonnantes aux déchets de cigarette, et l’on peut maintenant obtenir un matériau qui stocke l’énergie à partir des filtres “brûlés”. Plus encore, les mégots pourraient accroître la capacité de stockage de nos appareils électroniques, comme nos ordinateurs, téléphones portables ou voitures électriques.
La matière carbonée conductrice contenue dans les mégots est en effet en passe de devenir une solution pour le stockage d’énergie de demain. Voici comment mieux comprendre comment on peut transformer les mégots collectés en cette solution.
Les mégots de cigarettes figurent parmi les déchets les plus répandus dans l’environnement. D’après une étude réalisée en France en 2021, on estime que près de 20 000 tonnes à 25 000 tonnes de mégots sont jetées sur la voie publique chaque année.
Ce problème a des conséquences environnementales majeures. En effet, les filtres de cigarettes sont composés d’acétate de cellulose, un plastique qui met jusqu’à 12 ans à se dégrader d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Pendant ce temps, ils libèrent des substances toxiques comme la nicotine et les métaux lourds.
Ces déchets représentent un danger pour la faune. Avalés par les animaux, les mégots peuvent les intoxiquer gravement ou même provoquer leur mort. Au-delà de la pollution visuelle, les mégots non recyclés contribuent à la dégradation des écosystèmes et des milieux naturels.
Face à ces enjeux, le recyclage des mégots permet de limiter les conséquences néfastes sur l’environnement.
Les filtres de cigarettes contiennent principalement de l’acétate de cellulose, du papier et des restes de tabac, mais aussi des traces de substances toxiques comme la nicotine et les métaux lourds. Cependant, ces composants peuvent en réalité représenter une opportunité de valorisation.
Grâce à des procédés de traitement adaptés, il est possible de transformer ces déchets en matériaux carbonés utilisables dans divers domaines industriels.
Un matériau carboné est un matériau riche en carbone, souvent utilisé pour ses propriétés de conductivité électrique et de résistance. Une fois les filtres de cigarette transformés, ils peuvent servir d’électrodes dans les batteries, offrant ainsi une seconde vie aux déchets tout en réduisant l’usage de ressources vierges.
En France, la filière REP du tabac (Responsabilité Élargie du Producteur) appelée Alcome, créée en 2021, marque un tournant majeur dans la gestion des déchets de mégots. Cette initiative applique le principe du « pollueur-payeur » : les fabricants de cigarettes doivent désormais contribuer financièrement au traitement des déchets générés par leurs produits.
Concrètement, dans son rapport d’activité 2023, Alcome s’est fixé des objectifs ambitieux : réduire de 40% les mégots jetés au sol d’ici 2027. Pour y parvenir, l’éco-organisme finance l’installation de cendriers urbains et soutient les collectivités dans leurs actions de collecte et de sensibilisation.
Une entreprise qui cherche à mettre en place des points de collecte pour le recyclage des mégots peut être mise en relation avec un prestataire de recyclage de mégots.
En premier lieu, la collectivité, l’entreprise ou un organisme spécialisé comme écomégot installe des cendriers dans des espaces publics, des bureaux et des collectivités pour recueillir les mégots de manière centralisée. Les mégots récupérés sont ensuite triés et préparés pour le recyclage, ce qui permet de limiter la pollution et d’optimiser les étapes de transformation ultérieures en éliminant les matières inadaptées pour le traitement.
Après le tri, les mégots subissent une décontamination par des chauffes successives à environ 200°C pour détruire les composants toxiques, notamment la nicotine, le phénol et les pesticides, sans utiliser d’eau ni de solvant afin de préserver les ressources.
Écomégot a breveté un procédé écologique qui limite l’impact environnemental, notamment par l’absence de résidus polluants.
Une partie des mégots, surtout ceux en mauvais état, peut ensuite être transformée en Combustible Solide de Substitution (CSS) pour des cimenteries, permettant de réduire l’usage de charbon ou de pétrole. La dernière étape est de récupérer l’acétate de cellulose du filtre pour le transformer après broyage en matériau plastique pour construire un nouvel objet : matériau de construction, cendrier ou panneau de sensibilisation.
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L’acétate de cellulose est un polymère plastique qui peut être converti en matériau carboné après traitement thermique. Ces matériaux se révèlent intéressants pour les dispositifs de stockage d’énergie, car ils sont conducteurs et peuvent servir dans la fabrication d’électrodes pour des batteries lithium-ion ou des supercondensateurs.
La recherche explore des pistes variées en matière de recyclage, notamment dans la recherche sur les batteries à hydrogène qui pourrait intégrer des dérivés de mégots traités.
Récemment, l’étude “Preparation of energy storage material derived from a used cigarette filter for a supercapacitor electrode – IOPscience” de l’Université de Séoul a démontré des résultats prometteurs. L’étude explique que les mégots peuvent être recyclés en supercondensateurs, des composants essentiels pour le stockage d’énergie électrique.
Ces pistes donnent de nouveaux espoirs pour sourcer les matériaux de demain dans des contextes plus propres et plus durables.
Recycler les mégots de cigarette pour les transformer en ressources énergétiques présente plusieurs avantages environnementaux et économiques :
Enfin, la contrainte d’utiliser au mieux l’énergie nous pousse à trouver des solutions ingénieuses qui engagent un minimum d’effort pour un maximum d’effet. Les solutions écomégot vous aident à prendre en charge la gestion et le recyclage des mégots pour les espaces fumeurs des collectivités et la RSE des entreprises.
Les défis pour la valorisation énergétique des mégots en France sont nombreux. D’abord, le traitement des filtres de cigarette nécessite des procédés coûteux pour la dépollution des substances toxiques, comme la nicotine et les métaux lourds.
Par ailleurs, les installations de recyclage adaptées restent limitées, freinant la transformation à grande échelle. Enfin, l’acceptabilité publique est un obstacle, car le recyclage des mégots pour le stockage d’énergie est une technologie nouvelle encore peu perçue comme viable.
Pour surmonter ces barrières, une coopération des différentes parties prenantes de la société est nécessaire.
Ainsi, le recyclage des mégots en matériaux de stockage d’énergie représente une solution innovante à la double portée : réduire la pollution causée par les mégots, tout en contribuant au développement des énergies propres. La transformation des filtres en matériaux carbonés pour batteries et supercondensateurs ouvre des perspectives prometteuses.
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