Chaque année, plus de 4 500 milliards de mégots de cigarettes sont jetés dans la nature, faisant de ces déchets la première source de pollution plastique au monde. Composés d’acétate de cellulose, un plastique non biodégradable, ils libèrent des substances toxiques dans les sols et les eaux, menaçant la biodiversité et la santé humaine. Pourtant, ces déchets évitables sont souvent absents des discussions sur la pollution plastique.
Face à l’urgence environnementale, plus de 175 pays négocient depuis 2022 un traité mondial contraignant pour lutter contre la pollution plastique. Ce texte, qui vise à encadrer la production et la gestion des plastiques, constitue une opportunité historique pour inclure les produits du tabac dans la réglementation. Plusieurs ONG plaident activement pour que les filtres de cigarettes et les dispositifs de vapotage jetables soient interdits.
Pourquoi les mégots de cigarettes ne sont-ils pas encore pris en compte dans les accords internationaux sur la pollution plastique ? Quels sont les enjeux des négociations actuelles ? Et comment pouvons-nous, à notre échelle, contribuer à une réduction significative de ces déchets ? Décryptage.
Nous avons dépassé plusieurs seuils critiques en matière de pollution environnementale. L’activité humaine a engendré des conséquences désastreuses, notamment avec l’accumulation de déchets plastiques dans les océans. Selon le Parlement européen, chaque minute, l’équivalent d’un camion-poubelle rempli de plastique se déverse dans les océans, contribuant à une pollution estimée entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes par an.
Actuellement, plus de 150 millions de tonnes de plastique polluent les océans, mettant en péril la biodiversité marine et les écosystèmes côtiers. L’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) souligne que la production de plastique a doublé depuis l’an 2000. Résultat : les microplastiques sont désormais omniprésents, se retrouvant dans les écosystèmes, la faune et même le corps humain, et posant des risques sanitaires encore mal évalués.
Les filtres de cigarettes sont principalement composés d’acétate de cellulose, un type de plastique qui met des années à se dégrader. Contrairement à une idée reçue, les mégots jetés dans la nature ne sont pas dégradables et persistent dans l’environnement, libérant des substances toxiques. Ils contiennent également des métaux lourds et d’autres produits chimiques dangereux, qui contaminent les sols et les eaux. Une seule cigarette peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau. De plus, ces filtres ne réduisent pas les risques pour la santé des fumeurs, ce qui soulève la question de leur utilité réelle.
En France, la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire vise à responsabiliser les fabricants de produits du tabac sur la gestion des mégots. Depuis 2021, le principe du pollueur-payeur a été renforcé avec la mise en place d’une filière REP (Responsabilité Élargie des Producteurs), obligeant les industriels à financer des solutions de collecte et de traitement des déchets du tabac. Cependant, les mesures mises en place ont besoin d’un effort supplémentaire pour réduire significativement leur impact environnemental (Source : CESE).
Le traité plastique est un accord en cours de négociation sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) depuis 2022. Les négociations se déroulent au sein du Comité Intergouvernemental de Négociation (CIN), et des acteurs comme l’Union européenne, les États-Unis, la Chine et des ONG telles que Greenpeace ou le WWF (World Wildlife Fund) sont impliqués. (Source : Ministère de la Transition écologique).
La coalition de pays impliqués dans le Traité Mondial contre la Pollution Plastique se réunit régulièrement depuis 2022 afin de s’accorder sur un texte-cadre, comportant les divers aspects et mesures liés à la gestion collective de la pollution plastique.
Ce traité prévoit des définitions de base, mais aussi des obligations et des mesures de contrôle, dans un triple objectif :
La France, qui a participé au cours de son histoire à une grande partie de la pollution plastique et reconnaît sa part de responsabilité, s’engage aussi. La délégation française présente aux négociations du Traité sur la Pollution Plastique met en avant les points suivants :
Pour trouver un terrain d’entente, tous les pays, selon leurs ressources et capacités, devront s’arranger sur un compromis pour la gestion des déchets plastiques, mais aussi sa production. Or celle-ci a été délocalisée ces dernières années dans des pays qui en dépendent directement et ne peuvent pas s’engager sur une activité qui sécurise une part de leur économie. Dans cet accord, chacun doit jouer le jeu sur tout le cycle de vie du plastique.
Lorsqu’on constate la réhabilitation récente des pailles en plastique par Donald Trump, on peut se demander si les pays occidentaux sont aussi exemplaires qu’ils souhaitent l’être, tout comme l’influence de leurs positions sur la balance internationale. (Source : Vie Publique)
Plusieurs organisations non gouvernementales, regroupées au sein de la Stop Tobacco Pollution Alliance (STPA), plaident pour que le futur traité sur la pollution plastique prenne en compte les déchets liés aux produits du tabac. Elles demandent notamment l’interdiction des filtres de cigarettes et des dispositifs de vapotage jetables, soulignant que les filtres de cigarettes sont la première forme de déchets plastiques dans le monde.
La STPA participe activement aux sessions du Comité de négociation intergouvernemental chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant pour limiter la pollution plastique. Elle plaide pour que la Convention-Cadre pour la lutte antitabac de l’OMS soit incluse dans le préambule du futur traité, afin de créer une synergie entre les différents accords internationaux. Les ONG internationales insistent sur plusieurs points :
Mettre en place des solutions de recyclage et de dépollution. (Source : CNCT)
Le traité plastique se joue maintenant. Les négociations en cours détermineront si des mesures concrètes seront prises contre la pollution liée aux mégots de cigarette. Mais pour que ce combat ne s’arrête pas aux portes des institutions, il a aussi besoin de nous, et cela passe par trois grands volets :
Chez écomégot, nous croyons qu’un monde sans pollution plastique commence par des gestes simples et des engagements concrets. Rejoignez notre projet et agissons ensemble pour que les mégots ne soient plus les grands oubliés du combat contre le plastique !
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